# 16 - Le goût du sang...

Publié le 22 décembre 2005 par Dawawa

Il me fallait évidemment affronter les enfants. J’appréhendais les réactions de ceux-ci face à ma nouvelle apparence. Je croyais que cela se passerait bien avec les jumeaux qui avaient maintenant 3 ans. Ils étaient si petits, ils ne verraient pas la différence, pensais-je. Hors, j’avais tort. Comme Karelle notre nounou, se faisait de plus en plus vieille, nous avions installé les petits lits des enfants dans le salon afin de lui éviter d’avoir à grimper à l’étage. Dès que les jumeaux me virent, ils se mirent à crier et à pleurer. Vous ne pouvez imaginer à quel point cela me déchira de voir que mes tout-petits avaient peur de moi.

Ce ne fut guère mieux avec le petit prince Ben (11 ans) et Fabien the muffin man (9 ans). Mon apparence ne leur causa aucune frayeur. Au contraire, ils gloussèrent et se moquèrent de ma nouvelle tête. Lorsqu’ils se calmèrent, Ben demanda ce que j’avais fait pour être aussi moche. Et alors que je me demandais comment expliquer tout ceci à mes fils, Claude vint à ma rescousse.

Claude expliqua aux enfants, que maman était devenue comme leur papa, un gentil vampire pas du tout méchant. Bien sûr, les enfants voulurent savoir comment j’avais fait pour me transformer en vampire. Claude leur raconta que leur maman l’avait désiré très fort, et que le bon Dieu l’avait exaucé. Les jeunes furent impressionnés. " Si seulement ils savaient ! " Pensais-je…

Claude ajouta que dorénavant maman ne serait plus fatiguée le soir, car elle n’irait plus travailler. Elle pourrait alors s’occuper de ses enfants. Les garçons avaient l’air d’apprécier cette nouvelle. Je crus bon d’ajouter, que comme maman ne travaillait plus, il faudrait faire attention à nos économies.

Claude et Ben me regardèrent surpris, tandis que Fabien s’exclamait : " Oh la vache ! " Il était clair que ce que je venais de proclamer, ne leur plaisait pas.

" Mais maman, tu avais dit que je pourrais avoir un ordinateur pour Noël ! Je vais l’avoir tout de même hein maman ? " Me demanda Ben avec des yeux méchants. " Écoutes Ben, j’ai bien peur que.. " Commençais-je à lui dire, avant que mon mari ne me coupe la parole.

Claude se leva, me lança un regard mauvais et dit à son fils : " Bien sûr Ben que tu l’auras ton ordinateur ! Papa l’a commandé et il sera livré à temps pour Noël. Ton papa ne te laissera pas tombé mon fils. " Ben heureux, sauta au cou de son père. " Merci Papa ! T’es le meilleur ! " Dit-il à son si toujours parfait père !

Fabien la tête basse, me demanda : " Et ma voiture électrique maman ? Tu me l’achèteras ? " Claude ne me laissa pas le temps de répondre et déclara à Fabien : " Maman trouve probablement que cela coûte beaucoup trop d’argent, mais ne t’en fais pas mon fils, papa est là. Ta voiture tu l’auras comme prévu pour Noël. "

Fabien s’empressa d’embrasser son père. Je ne savais pas où Claude avait trouvé l’argent et je m’en moquais royalement ! Le résultat était là. Les enfants se désintéressèrent complètement de moi par la suite. L’attitude de mon mari me déplu énormément. Je trouvais choquant de le voir acheter ainsi l’amour de nos enfants. En y réfléchissant bien, je me suis rendu compte que ce n’était pas la première fois qu’il faisait cela.

Comme notre aîné Pietro était à l’université, son père lui annonça par téléphone que je m’étais " converti " au vampirisme. Claude me raconta que Pietro avait beaucoup ri en apprenant la nouvelle. Claude me dit : " Il n’arrive pas à imaginer la tête que tu as ! " Cela me blessa. Je l’imaginais riant encore, après avoir raccroché le combiné. Pietro, me détestait depuis longtemps. En fait, depuis que j’avais accusé son papa d’avoir fait du mal à mon amie Léandre. Notre relation n’avait jamais cessé de se détériorer par la suite, malgré ma bonne volonté et l’énergie déployée pour me faire pardonner de lui.

Les jours passaient et j’étais de plus en plus seule. Mes enfants m’ignoraient, et j’étais tellement déprimé que je n’avais ni la force ni l’envie de m’occuper d’eux. Je fis une tentative pour joindre par téléphone mon amie Daisy. Je n’avais plus de nouvelles d’elle depuis plusieurs années. Après avoir été mordue par mon mari, Daisy avait toujours refusé de me voir. J’espérais que comme j’étais devenue comme elle, elle accepterait maintenant de me revoir. J’avais besoin qu’elle me raconte comment elle arrivait à supporter sa vie. Je suis tombé sur un message enregistré de la compagnie de téléphone disant qu’il n’y avait plus de service au numéro que j’avais composé. J’en conclus qu’elle avait déménagé, et peut-être même quitté cette ville.

Puis un jour, j'ai ressenti une chose étrange, épouvantable, répugnante. Je suis allé dans la cuisine et j’ai bu 2 grands verres d’eau. Il ne se passa rien. La soif que j’avais ne pouvait être étanchée par de l’eau. J’avais soif de sang… J’étais horrifiée ! Oh non pas moi ! Je me suis dit que si je mangeais un truc, n’importe quoi, l’envie passerait certainement.

J’entrepris de me faire un hamburger. J’adorais les burgers ! J’étais convaincue que cela me ferait du bien. Comme je me préparais à la cuire, je regardais la boulette de viande bien saignante dans la poêle. Sans même me questionner sur ce que je m’apprêtais à faire, je pris la boulette et mordis dans cette viande crue.

Claude entra dans la cuisine, alors que j’avalais le dernier morceau. " Alors on se paye un snack ? Ça semble appétissant ton truc ! " J’avais tellement honte…

Claude riait : " Tu ne vois pas la tête que tu fais. Pauvre Kapa ! Pour ce soir, cette viande devrait te satisfaire, mais demain je devrai t’emmener à la chasse. "

" Qu’est ce que tu veux dire ? " Demandais-je. Claude s’expliqua : " Kapa, tu vas devoir faire comme moi, trouver une proie et la mordre. " J’ai fait la grimace. Il était fou. Jamais je ne pourrai faire ça ! Je n’étais pas comme lui, je n’étais pas un vrai vampire ! Claude continua : " Tu te dis que tu n’es pas ainsi toi ! Tu te crois supérieure à moi. Ce que tu peux être stupide Kapa ! Crois-moi, si tu ne t’y résous pas, tu deviendras complètement cinglé. Tu auras tellement soif, que tu en seras obsédé. " Je trouvais mon mari bête et méchant et je ne le croyais pas…

Quelques jours plus tard, je dus bien admettre que ma condition se détériorait. J’allais très mal. Je n’avais qu’une idée en tête, je ne pensais qu’à une chose, une seule et unique chose : boire du sang !

Je continuais de clamer haut et fort à mon mari qui me demandait de l’accompagner lors de ces soirées nocturnes que moi, je n'étais pas comme lui. Pourtant, je ne mangeais plus aucune nourriture cuite, seulement de la viande rouge, bien saignante. Sauf, que cela ne suffisait plus.

Ce n’est que lorsque mes idées tournèrent à l’obsession et que j’eus la pensée de mordre un de mes fils, que j’ai compris que mon mari avait raison. J’étais moi aussi un monstre qui avait besoin de sang pour vivre.

Ce soir là, la mort dans l’âme, plus malheureuse que jamais, j’ai demandé à mon mari de m’emmener chasser…